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La société dans laquelle nous vivons est pathogène. Elle reconnaît ceux qui savent le mieux se conformer à une norme pathologique. Elle fait la réussite des imposteurs, des menteurs, des cyniques, des « sans-scrupules » et conforte celle des biens-nés. Il n’y a rien à attendre des gens profondément malades qui tiennent les rênes et qui désignent comme pathologique toutes celles et tous ceux qui ne marchent pas. Qui disent une chose et font l’exact opposé.

« Plan de sauvegarde de l’emploi » pour désigner un plan de licenciement massif ; « sauver l’hôpital » en fermant des lits ; « il est inacceptable de parler de violences policières dans un état de droit » quand chaque jour de nouvelles vidéos accusent les flics et l’impunité qui leur est donnée par nos gouvernants ; « une des priorités de ce quinquennat sera l’égalité hommes-femmes » quand aucun budget n’est alloué à ce titre, qu’on nomme Darmanin, qui échange des faveurs sexuelles contre des services rendus, ministre de l’Intérieur, que Polanski remporte un César.

Celles et ceux qui savent le mieux s’adapter à cette « double-pensée », cette novlangue qui dit une chose pour désigner son contraire, les homo-œconomicus, qui comptent les coûts et les bénéfices à court terme de chacune de leurs paroles, de leurs actions, de leurs décisions, les « sans-scrupules » et les « sans-vergogne », la lie de l’humanité, sont ceux qui s’en tirent le mieux dans notre monde moderne.

De fait, je n’ai pas su me placer et je ne le saurai probablement jamais, vergogneux que je suis. Les adeptes du positivisme délirant qui nient le réel et surcompensent jusqu’au burnout penseront que je broie du noir. Certes, si ma lucidité me fait souffrir, c’est que je ne suis pas encore assez lucide. Malgré ma poussière dans l’œil, l’époque est assez pourrie.

Au boulot, j’utilise 2% de mon cerveau, suis condamné à faire un boulot de con pour des entreprises du numérique qui, comme le prétendent les connards de la Silicon Valley, « essaient de rendre le monde meilleur ».

Comprendre « disrupter » un marché, précariser les travailleurs de ce secteur en les asservissant à une application dont les investisseurs crédules financeront le développement et rempliront les poches des deux peignes-culs fondateurs, faces de tâches et de dispensés de sport, la raie à droite, la gauche molle et la gaule moche, habitués à brader leur âme au plus offrant et à retourner leur veste quand le vent change de direction.

« Après moi, le déluge. »