Tu n’as pas osé le dire jusqu’au bout parce que, quelque part, tu savais bien que ça ne tenait pas. Tu n’as pas fait non plus ce que tu n’as que mi-dit (à ta porte il était plutôt 14h). Tu dors mal, les soucis s’accumulent. Ce n’est pas de ta faute, c’est celle du voisin, de ta femme ou de tes enfants, du monde qui ne tourne pas rond mais surtout celle de celui qui serait assez con pour endosser les effets et la responsabilité de ta persévérance diabolique à ta place. Quelqu’un d’un peu idiot, dont à l’occasion on pourrait se moquer, noué par une culpabilité aussi fautive que ta parole est manquante, qui compenserait tes insuffisances en te faisant accoucher, tant bien que mal, de ce que tes pensées avortées ne parviennent pas à ériger en parole. Tes pensées ne te font pas bander. Ce que n’importe quel autre ne peut faire à ta place, pas même un prophète aussi tyrannique et fascinant que puisse être son héritage.
Les idoles passagères, femmes sexy ou super-héros, footballeurs ou politiciennes à la peine, orateurs en continu ou poètes institutionnalisés, bouchent bien par-ci par-là les trous de ton impuissance, mais quand même au fond, ça ne va pas. Et tu le sais. Que tu ne veuilles pas le savoir n’y change rien : c’est bien là. Quelques joies tristes parsèment ton quotidien, le développement personnel peut y mettre du sien, cette paire de Nike aussi.
La sympathie de ta femme pour tes états d’âme se fait de plus en plus rare, elle est ailleurs. L’amour qui était le vôtre, elle le vit maintenant dans un imaginaire nourri de séries Netflix, et compense ses espoirs déçus par l’attention qu’elle porte à ses enfants — toi y compris. Tu ne comprends pas qu’elle te dise non le soir, quand ta frustration de la journée voudrait s’évacuer entre ses cuisses. Voyons, ce serait de l’inceste. Elle s’y résout pourtant encore de temps à autre et bien qu’elle soit surprise à chaque fois du plaisir qu’elle y prend encore (vraiment ?), tu sens bien que le cœur n’y est pas.
Tes couilles vidées ne te dispensent pas de ne pas le ressentir confusément.