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Je suis attablé en terrasse à côté d’une bande de jeunes journalistes parisiens. Ils se gobergent d’être du sérail. Sur un ton puant de mépris pour toutes celles et ceux qui ne font pas partie de leur petit monde ou qui n’en connaissent pas les codes et les « réfs ».

L’ironie est qu’eux-mêmes ne font partie d’aucun véritable « gratin ».

Mais ils y aspirent de tout leur être avec une morgue carnassière. Ils se tapent sur l’épaule, se valident, se congratulent. Adoubent certains pour leurs succès sociaux en adéquation avec les codes et les modes en vigueur. Et médisent à l’envi à propos de celle ou celui qui n’est pas parvenu à cette réussite factice. Quand la question du succès n’est pas tranché concernant tel ou tel autre, celui-ci est déclaré « bizarre ». Ils ne font que poser et singer des attitudes, physiquement et vocalement : pour leurs misérables imaginaires, une caméra et un micro ne sont jamais loin.

La seule fille attablée avec eux se tait la plupart du temps sauf pour flatter de temps à autre les égos de pacotille de ses collaborateurs ; elle n’est pas encore près de se l’avouer mais elle s’ennuie ferme.

Cette jeunesse aussi spectaculaire que désolante ferait la pluie et le beau temps.

Peut-être ce pourquoi, entre autres divers ravages humanoïdes, Paris dût être privé de printemps cette année.

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